Pour un véritable changement de nature sociale, il faut un programme de rupture antilibéral. (Jean-Marie Berniolles – Octobre 2006)

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En France et en Europe le terme « mondialisation », qui suggère une mutation inexorable donc sans alternative, recouvre une réalité toute autre, que l’on veut cacher, c'est-à-dire la mise en place d’un système libéral extrême, dit néolibéral, en référence à ses théoriciens des années 50, ou ultralibéral, pour son caractère extrême.

Ce système est inhumain en ce sens qu’il n’a nullement d’objectifs sociaux de droit au travail, de droit à la santé, au logement, à l’éducation… Il bouleverse totalement l’humanisme traditionnel de notre vieille Europe. Et il se soucie encore moins de préserver l’environnement. Il piétine aussi les notions de nation et de patrie. Dans ce système même la culture et le sport deviennent des marchandises.

Son moteur incroyablement primaire est le retour rapide et important sur investissements. Ce qui se traduit la plupart du temps par des opérations spéculatives, sur le pétrole, le gaz.., des gains boursiers sans scrupules comme pour la vente à Mital de l’acier européen. L’agriculture est réorientée vers des grands groupes multinationaux comme Monsanto le roi des OGM et des grandes exploitations, recevant des fonds publics, qui pratiquent le rendement intensif avec engrais chimiques et pesticides et, demain, les maïs et céréales OGM de manière généralisée. L’exploitation du travail humain est portée à son comble avec les délocalisations et le nouveau « code du travail » pour les services, défini par la directive Bolkenstein qui revient, à peine atténuée, devant le parlement européen. La mainmise sur les services est particulièrement intéressante pour ce système économique. Il peut récupérer des réseaux financés avec des fonds publics comme pour l’eau, les télécommunications hier, et, demain, le réseau de distribution GDF, celui d’EDF, les autoroutes (à peu de frais)… d’où son grand désir de mettre la main sur les services publics, opération appelée « services économiques d’intérêts généraux ».

Dans notre pays et en Europe, sous l’impulsion de la commission de Bruxelles et avec l’acceptation des gouvernements successifs, ce système néolibéral (ultralibéral) est mis en œuvre depuis plus de 20 ans. En dehors des médias, il n’a échappé à personne que ce système a complètement échoué à simplement donner l’espoir d’une satisfaction à venir des légitimes aspirations humaines à une vie meilleure, à la solution des problèmes énergétiques et environnementaux, à donner l’accès aux soins aux plus démunis de la planète, en Afrique particulièrement, ne serait ce que pour éviter un foyer de nouveau virus à transmission humaine. Il épuise les ressources naturelles et contribue à la pollution chimique.

En ce sens il n’est pas exagéré de dire que l’ultralibéralisme menace l’avenir de l’humanité.

Dans notre contexte local de Manosque [Données INSEE], le secteur productif se réduit à l’agroalimentaire, ses dérivés du pole « senteur », et un peu de production hydroélectrique.

En dehors de l’agroalimentaire, l’activité industrielle se limite pratiquement aux sous-traitances de Cadarache et suit donc son déclin, accéléré par la passivité des responsables politiques locaux qui ne veulent pas soutenir un programme d’études national sur les réacteurs du futur (rapides à sodium, puis à gaz). Ceci est avant tout une option du système ultralibéral, il faut le savoir. Et cette tendance ne sera pas modifiée par ITER.

Le caractère de plus en plus spéculatif de l’immobilier ainsi que le contexte de l’emploi local amène des actifs d’Aix et Marseille à s’y installer, tandis que les actifs locaux sont aussi conduits à trouver du travail ailleurs. Ce qui est un facteur supplémentaire de pollutions et consommations d’énergie.

Proportionnellement le secteur des services, en développement sans que la balance de l’emploi s’en trouve améliorée, devient hypertrophié.

Par option politique des élus responsables des communes de la communauté de Manosque, une orientation entièrement libérale est introduite dans ce contexte favorable (à ce système), dont les manifestations les plus évidentes sont :

-         Les expropriations. Plutôt que d’aider les petits et moyens agriculteurs, déjà écartés la plupart du temps des mannes européennes, on  exproprie des propriétaires de terres cultivables, 90 ha d’ailleurs dans une zone à risque sismique, pour livrer des terrains essentiellement à des promoteurs, par l’intermédiaire d’une ZAC. ITER va être le prétexte à une intense spéculation immobilière dont la population locale va faire les frais.

-         Le contrat de gestion des eaux vient d’être renouvelé à la SAUR malgré l’opposition de citoyens. Sans services supplémentaires il en résultera un surcoût d’au moins 30% pour l’usager.

-         La région paiera 100%, à hauteur de 55 millions d’euros, d’une école internationale destinée aux enfants du personnel étranger d’ITER, tandis que pour la petite part, environ 25%, à laquelle auront accès les enfants de la région, une politique de recrutement élitiste sera mise en place.

-         Une mutation du commerce, où de gros intérêts financiers supplantent le commerce indépendant, change le visage et l’esprit de Manosque.

-         Sans plan d’urbanisme concerté, celle-ci subit ainsi une évolution anarchique qui se matérialise notamment par des difficultés de circulation et de parking accrues.

En France, on comprend mieux pourquoi aucune organisation politique ne prétende servir ce libéralisme sans freins, à la différence de Tony Blair, héritier de M. Thatcher en Grande Bretagne. Avec le OUI à l’Europe de la commission de Bruxelles, se réclamer de Blair est ainsi la meilleure définition d’une acceptation de l’ultralibéralisme.

A Gauche, au moins dans les déclarations, il n’y a pas un courant politique qui n’ait ses opposants à ce système néolibéral. Au PS c’est Laurent Fabius et il y a aussi le PRS de J-L Mélenchon, chez les « écologistes » ce sont quelques personnalités tel J. Bové et les AlterEkolos, le MRC de J-P Chevènement dénonce couramment les méfaits de la politique néolibérale sur la France, son secteur public et ses conquêtes sociales. Par ailleurs, le PC et la LCR se sont clairement déterminés comme des adversaires irréductibles de l’ultralibéralisme. Des organisations et des courants de pensée comme ATTAC, la Fondation Copernic ainsi que les comités citoyens du 29 mai, dont nous faisons partie, luttent activement contre le système néolibéral.

Il apparaît donc clairement qu’il faut à toutes ces forces un élément rassembleur qui puisse, en plus, ouvrir les perspectives d’un changement social, mais aussi économique (Banque, Industrie, Recherche…) réel.

Cet élément ne peut être qu’un programme antilibéral de rupture.

-         Parce que la situation exige une politique sociale et de l’emploi radicalement nouvelle s’appuyant sur un redressement économique et industriel.

-         Parce qu’il faut consolider et étendre les services publics, notamment à l’eau et aux déchets.

-         Parce qu’il faut combattre l’orientation d’asservissement de la Recherche aux intérêts industriels immédiats.

-         Parce qu’il faut prendre rapidement des mesures contre les pollutions chimiques et biologiques, pour combattre l’effet de serre, assurer la qualité de l’eau.

-         Parce qu’il faut réorienter la production agricole vers une production de qualité préservant l’environnement, l’eau et permettant aux petites et moyennes exploitations de survivre.

-         Parce qu’il faut développer le secteur de l’énergie sur la base de l’indépendante et de la meilleure préservation de l’environnement, en sécurisant l’incontournable nucléaire, par le recours aux énergies renouvelables et à la rationalisation des transports.

-         Parce qu’il faut contrôler la fuite des capitaux, les délocalisations et le rachat d’entreprises.

Pour jeter les bases de ce type de programme, une charte « pour une alternative au libéralisme» a été élaborée par les collectifs unitaires du 29 mai qui seront bientôt près de 1000 en France. Et pour bien marquer la rupture de ce programme avec les politiques antérieures, le passage à une VIème République, sociale et laïque notamment, en est un élément fondamental.

Afin de porter ce programme ambitieux des candidats uniques, issus des courants qui se sont engagés dans ces collectifs, seront présents à toutes les élections à venir. Au service de ce programme politique de rupture, ils porteront les espoirs de tous ceux qui veulent que cela change vraiment. Et ils leur offriront la possibilité de pouvoir enfin voter pour un programme qui prenne en compte leurs attentes.